Ricros (André) fils de Bouscatel?

 

A la fin de l’année dernière, je commentais dans le forum Cabrette Club la sortie récente du livre d’André Ricros « Le roman d’un cabretaire  » en des termes résolument neutres: « il pèse 1,630kg, mesure 23x24x3cm pour 450 pages, coûte 49€ (avec un CD « offert ») et contient plein de photos ainsi que les 26 lettres de l’alphabet ».

Depuis cet hiver, j’ai eu le temps de le lire et je m’étonne que personne sur ce forum n’ait eu l’idée d’en parler…. Peut être suis je le seul à l’avoir lu? ou alors ce n’est pas politiquement correct d’en parler? ou bien vous craignez d’être espionné par la NSA*?

Alors je vous explique!

Cet ouvrage se compose de deux parties:  un roman puis une suite documentaire. Il est ainsi intitulé : Bouscatel, le roman d’un cabretaire suivi de Vie des cabretaires d’Auvergne, créateurs des bals-musette de Paris.

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Sous la plume d’André Ricros, le roman est une interprétation de la vie de Bouscatel élaborée à partir d’articles tirés du journal l’Auvergnat de Paris et de propos imaginés dans la bouche de Jean Bergheaud. Cette première partie se lit agréablement (même si A. Ricros n’est ni Georges Sand, ni Maupassant !) Le style qui se veut littéraire aurait pourtant gagné à se passer des dialogues supposés entre les personnages. L’intérêt majeur est de faire de Bouscatel un personnage romanesque avec ses forces et ses faiblesses (ah…. les femmes !). Bouscatel souteneur faisant le coup de force avec sa canne devient un personnage charnel du Casque d’Or de Jacques Becker.

Je me sens malgré tout manipulé quand André Ricros (que je ne connais certainement pas assez) se place lui-même dans la lignée Ranvier/Bouscatel/Bergheaud à travers la transmission d’une cabrette mythique et des formules magiques qui vont avec. J’essaie de trouver une cohérence entre cette « mythologie » et les histoires qui circulent sur l’auteur de ces propos…

La seconde partie, clairement assumée comme documentaire, est plus convaincante. Les biographies d’illustres cabretaires cités dans la partie romanesque sont fondées sur une analyse de documents cités dont certains sont joints en annexe. Les nombreuses photos illustrant le livre sont mises en valeur et légendées. L’ensemble reçoit la collaboration éclairée d’Éric Montbel et, pour un article, de José Roux. On y trouve notamment la transcription de l’interview réalisée par Éric Montbel auprès de Jean Bergheaud (que l’on peut écouter ICI).

Là encore l’intérêt, à mes yeux, provient de la mise en exergue des connivences existant entre les patrons de bars, gérants de bals, à la réussite vantée par la communauté auvergnate et le milieu du proxénétisme, de la prostitution, de la « nuit » en général, qui constituait à l’époque une part non négligeable du circuit économique parisien (au sein duquel Claude Dubois rappelle la place du quartier de la Bastille).

A ce sujet, l’introduction de la seconde partie résume l’essentiel de cette « découverte ». Éric Montbel, son signataire, y résume en cinq pages le lien entre Paris, les filles qui y arrivent, les besogneux esseulés, les bals à la musette puis bals des familles, les rencontres tarifées et les « Trotteuses » qui arpentent les trottoirs de la capitale.

Éric Montbel souligne aussi**, et c’est à son honneur, « l’intéressant travail collectif réalisé par les membres du site internet Cabrette Forum au sujet de divers maîtres de la musette à Paris » (page 210).

*Nouvelle Sécurité Auvergnate

**ce que ne fait pas André Ricros !

 


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